Suggestions de lecture

L’art du bonheur

photo Renée Thivierge

Par Renée Thivierge

Suggestions de lecture

19 mai 2021

Crédit photo : Mi Pham / Unsplash

Ce livre est un classique de la philosophie bouddhiste que plusieurs ont sans doute oublié dans les rayons de leur bibliothèque et qu’ils redécouvriront avec joie. Il s’agit surtout d’une longue conversation entre Howard Cutler, écrivain et psychiatre américain, qui pratique à Phoenix, en Arizona, et de ses nombreux entretiens avec le Dalaï-Lama, d’abord en Inde, en 1982, puis en Arizona lors d’une série de conférences.

 

Composé de quinze chapitres, le livre explore des thèmes comme Le but de la vie, Chaleur humaine et compassion, Transformer la souffrance, Comment mener une vie spirituelle. Cluter a voulu mieux connaître cet homme, suivi par environ 100 000 Tibétains lors de l’exode de 1959. «Au cours de toutes ces années, souligne Cutler, j’ai pu apprécier toutes ses qualités. Des qualités proprement uniques : une intelligence pénétrante, mais dénuée d’artifice ; une bienveillance dépourvue d’une sentimentalité excessive ; un grand sens de l’humour – mais nulle frivolité –, et, comme beaucoup de gens, j’ai apprécié la faculté qu’il a d’inspirer plutôt que d’intimider.» Mais Clutler a surtout voulu connaître le secret de cet homme manifestement heureux et serein.

 

La recherche du bonheur

 

Au cœur du message du Dalaï-Lama, ces mots qu’il prononce devant un public attentif : «Je crois que le véritable but de la vie, c’est le bonheur. Que l’on ait foi dans une religion ou non, nous tous cherchons une vie meilleure. Aussi je pense que le véritable mouvement de notre vie est orienté vers le bonheur…» Et plus que toute chose, «c’est l’état d’esprit, plus que les événements extérieurs qui détermine le bonheur.» Ce qu’on nomme en psychologie le processus d’adaptation.

Il précise que «l’apaisement de l’esprit ne signifie nullement le détachement total ou la complète vacuité. Cette paix de l’esprit s’enracine dans l’affection et la compassion. Cela requiert un très haut degré de sensibilité et d’émotion. […] La chaleur humaine permet l’ouverture. Vous découvrez que tous les êtres humains sont comme vous, tout simplement. Et il vous est bien plus facile d’instaurer une relation.»

Au cœur de ce chemin vers le bonheur, la douleur et la souffrance. «Afin de les éviter, les êtres humains ont mis au point une palette de stratégies. Il s’agit parfois de substances chimiques, faites pour étouffer et traiter la souffrance, ou d’alcool. Nous possédons également toute une panoplie de mécanismes internes, des défenses psychologiques souvent inconscientes, qui font office de tampon.»

 

S’évader n’est pas la solution

 

Mais tenter d’éviter la douleur n’est pas la solution. La démarche du dalaï-lama «suppose d’accepter la souffrance comme une donnée naturelle de l’existence, pour s’attaquer courageusement aux problèmes, sans détour. Car, en dernière analyse, ne l’oublions pas, il croit en la possibilité de s’en affranchir. […] Dès que l’on prend la peine de se confronter directement à sa souffrance, on se met en position d’évaluer la profondeur et la nature du problème.»

Il compare la vie à une bataille. «Tant que l’on ignore la position et les capacités militaires de l’ennemi, on reste totalement pris au dépourvu, paralysé par la peur. En revanche, dès que l’on sait quelles armes il possède, on est en bien meilleure position quand il s’agit de s’engager dans une guerre. De même, se confronter aux problèmes plutôt que les ignorer nous place en position de les aborder.»

Il aborde aussi ce type de souffrance que l’on se crée. «Trop souvent, nous perpétuons notre douleur, nous l’alimentons mentalement en rouvrant inlassablement nos blessures, ce qui ne fait qu’accentuer notre sentiment d’injustice. Nous revenons sur nos souvenirs douloureux avec le désir inconscient que cela sera de nature à modifier la situation – en vain.»

 

Tout est relatif

 

Il suggère aussi de changer de perspective. «Il ne faut jamais oublier que chaque phénomène, chaque événement possède plusieurs facettes. Tout est relatif. Prenons mon propre cas : j’ai perdu mon pays. Vue sous cet angle, la perte est tragique – et il y a pire que mon sort personnel, car entre-temps mon pays, lui, continue de subir des ravages. En revanche, si je considère le même événement sous un autre angle, je m’aperçois qu’être réfugié m’ouvre des perspectives : cette qualité m’exempte des formalités, des cérémonies, du protocole.»

Les thèmes abordés sont nombreux et des mots refont surface : compassion, détermination, tolérance, générosité. Au fil des dialogues et des conversations, l’ouvrage nous imprègne lentement d’un secret qui n’appartient qu’à nous, puisqu’en définitive, c’est nous qui façonnons de nos expériences, de nos échecs de nos joies, cet art du bonheur.

 

Sa Sainteté le Dalaï-Lama et Howard Cutler (1999), L’art du bonheur 1. Paris : Éditions Robert Laffont.

 

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’intéresse depuis toujours à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain sont ses meilleures sources d’inspiration et elle croit passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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